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que par un clignement d’yeux qui voulait dire : « Je vous reconnais, je suis témoin contre vous, je vais vous aider, si c’est possible. »

— Les uns après les autres, les soldats vinrent raconter l’affaire au meilleur de leur connaissance, ce qui n’était pas fameux, puisque aucun n’en avait eu connaissance. Tout ce qu’ils purent dire, c’est que leur pantalon était vierge d’un morceau, important surtout à cause de la place qu’il occupait dans l’uniforme. L’accusateur, d’autre part, ne put établir qu’un point, à savoir que les pièces en question avaient été trouvées en possession du prisonnier.

— Qu’avez vous à dire pour votre défense, prisonnier Dolbret ? demanda le colonel.

Pierre se dit : « Si le procès doit m’être fatal, je vais toujours essayer de m’amuser aux dépens de ces gens-là. »

— Mon colonel, dit-il, les deux faits allégués ne suffisent pas, selon moi, pour prouver ma culpabilité ; il est vrai qu’il manque à ces messieurs un morceau de leur pantalon ; on a trouvé sur moi un égal nombre de morceaux de kaki, c’est encore vrai. Mais rien ne prouve que les morceaux trouvés en ma possession soient ceux qui manquent aux pantalons de ces messieurs. Il serait donc nécessaire, pour compléter la preuve, de confronter les morceaux de kaki avec chacun des pantalons.

Dans les circonstances difficiles ou terribles, les cheveux ne se dressent pas sur la tête, quoi qu’on en dise, mais la longueur des visages prend quelquefois des proportions démesurées qui nuisent à l’ensemble. Ce phénomène se produisit chez les six témoins, lorsque Dolbret prononça les pa-