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Dolbret la regardait avec une sorte de crainte. L’eau profonde, au grand jour, c’est le tombeau et c’est aussi l’image de la vie, du mouvement, l’image de ce qui passe et se renouvelle sans cesse ; mais l’eau qui scintille dans la nuit, c’est le mystère, c’est l’inconnu, et peut-être les frissons qui la rident sont-ils des souffles animés venus de l’au-delà.

Il y avait de cette impression dans l’âme de Dolbret, au moment où il avait aperçu la source indiquée par le docteur Aresberg. Malgré lui, il subissait le charme de la situation ; non seulement il le subissait, mais il s’y abandonnait volontiers et, à présent, ses appréhensions, ses doutes, ses découragements, tout cela s’évanouissait sous l’influence de la poésie qui se dégageait de cette aventure, de cette histoire d’amour, de ce conte de fée où il avait un rôle et qui venait se terminer dans ce décor si joli, si étrange en même temps, et si bien fait pour frapper l’imagination.

Il n’avait prononcé qu’un mot :

— La source !

— Aresberg n’a pas menti, avait répondu Wigelius.

— Non, à venir jusqu’à présent.

— Tiens, le Zoulou qui glousse.

— Qu’est-ce qui arrive ?

— Je vais le lui demander, dit Stenson.

Il descendit quelques pieds plus bas en faisant craquer sous ses pieds les petites branches des arbustes et revint dire que Zéméhul entendait le galop d’un cheval.

— On est probablement à ma poursuite, dit Pierre.