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Ce sont les soldats qui demandent leur déjeuner, fit Morot, ils n’ont pas mangé depuis hier soir et ils commencent à trouver le temps long.

Un petit soldat sauta des bastingages sur le pont et cria à tue-tête :

— En voulez-vous du manger ? il y en a tout plein, il n’y a qu’à descendre !

— Où ça, où ça ?

— Ah oui ! mais attendez un peu, il faut payer pour en avoir.

— Comment, il faut payer ?

— Oui, à moins que vous ne préfériez attendre jusqu’à demain. Si vous voulez manger tout de suite, venez avec moi.

Une cohue le suivit et dégringola le long des échelles jusqu’à la cale.

— Qu’est-ce que l’on nous donne pour notre argent ?

— Il y a de bonnes choses ; de la langue en boite, des sardines, du chocolat en boîte aussi. Venez voir.

Un lieutenant fit un petit discours :

— Prenez patience, la cuisine n’est pas encore bien organisée, mais dans deux heures tout sera prêt. Prenez patience.

Pierre réussit à se rendre à la cabine du capitaine. Celui-ci était à lire son journal, il ne s’aperçut pas de l’arrivée de Dolbret.

— Pardon, fit ce dernier timidement.

— Bonjour, monsieur. Vous n’avez pas d’uniforme ?

— Bien, répondit Pierre embarrassé, je ne me suis pas engagé.

— Ah ! je comprends, vous êtes un « pressé ».