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— Non, mais puisque je ne puis pas la remettre à son destinataire, je puis toujours voir ce qu’il y a dedans,

— C’est vrai, lisez-nous ça. Il doit en faire des compliments de vous, notre curé ; quand il parlait de son Pierre, ce n’était pas une petite affaire.

Pierre se mit à lire à mi-voix. À mesure qu’il avançait, ses sourcils se fronçaient, puis il réprimait un sourire. La lettre était ainsi conçue : « Mon cher ami, le porteur de la présente est un garçon honnête et intelligent à qui les professions n’ont pas réussi. Si tu peux l’aider, il se fera peut-être un avenir dans le commerce. Il serait parfait s’il n’avait pas parfois — rarement — la faiblesse de prendre quelque chose. Fais ton possible pour lui et tu me rendras service. Ton vieil ami,

Joseph Gay, prêtre.


P’tit homme, embarrassé, regardait ailleurs. Dolbret eut peur d’être pris pour un ivrogne par l’ancien matelot. D’une voix un peu émue, mais qui se raffermit vite, il lui dit :

— P’tit-homme, je ne sais pas si tu vas me comprendre bien, mais je vais faire de mon mieux. Ce que le curé a dit là, c’est vrai, et si on ne me l’avait pas dit aussi clairement, je suppose que je ne l’aurais jamais su. C’est dur de se faire dire ses vérités, mais c’est utile. C’est la dernière fois que je m’expose à des choses comme celles-là. À partir de ce moment, je suis un autre homme. Retiens bien ce que je te dis là, je ne suis plus le même homme, et si nous avons la chance de retour-