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l’ai toujours refusée. Aujourd’hui les circonstances ne sont pas les mêmes : en effet je vous dois la vie, et il n’y a rien que je ne fasse pour vous montrer de la reconnaissance. Mais je vous demanderai une faveur à mon tour.

— Laquelle ?

— C’est de ne pas m’offrir de rémunération.

— Inutile d’en parler, je vous refuse cette faveur.

Dolbret comprit qu’il aurait mauvaise grâce d’insister. « Évidemment, se dit-il, je serai médecin malgré moi. Laissons-nous faire, ne fuyons pas la bonne fortune. »

L’homme généreux avec qui Dolbret venait d’avoir ce bout de conversation était le capitaine du « City of Lisbon », un magnifique paquebot parti de Boston pour Durban et Lourenço-Mraquès avec une cargaison composée en majeure partie de spiritueux, dont il se fait un grand commerce entre les Portugais et les indigènes de l’Afrique méridionale. Le bateau devait contenir pour plusieurs centaines de mille dollars de cognacs fabriqués aux États-Unis, produits de qualité très inférieure, mais qui s’écoulent facilement aux colonies. Le lecteur sera peut-être étonné de retrouver le héros de cette histoire en si belle humeur, après l’avoir vu en pleine mer, à la merci des vagues en furie. Comme il n’y a rien de nouveau sous le soleil ni sous la lune, encore moins sous un ciel sans soleil ni lune, nous avons crû que la description de la tempête qui a entraîné Dolbret et son compagnon loin des côtes ne serait que médiocrement intéressante. En effet, toutes les tempêtes se ressemblent et nos lecteurs, qui en ont probablement vu, ne se