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et isolée, et lui procurer des ressources d’utilité immédiate afin que la population y afflue au plus tôt.

« Nous devons nous rappeler que tant qu’il ne s’établira pas un parfait équilibre entre les éléments de production et de population dans son vaste territoire, la République n’acquerra pas la force économique et politique qu’elle doit avoir dans un avenir plus ou moins éloigné. L’abandon dans lequel se trouve l’investigation de tout ce qui peut contribuer à ce que cet avenir s’approche, est de plus en plus critiqué par les penseurs d’Europe et des États-Unis, et peut avoir de grands inconvénients pour notre développement et, par conséquent, pour le rang que nous devons occuper parmi les nations. La République ne peut rester stationnaire, ni se contenter d’une réputation, plus ou moins méritée, d’être riche. Ceux qui suivent le développement des nations sud-américaines observent qu’une bonne part du progrès de l’Argentine est fictive. En elle rien ne se meut si ce n’est ce qui est voisin des ports qui peuvent être considérés comme des morceaux de l’Europe, et sauf de rares exceptions, on abandonne l’intérieur, et le pays perd de plus en plus l’équilibre comme nation à mesure qu’on prétend le rendre plus riche, et sa cohésion sociale et politique devient de plus en plus difficile.

« Il ne se forme pas de centre de consommation aux environs des centres de production ; tout tient au littoral ; et c’est ainsi que la population reste presque stationnaire là où n’arrive pas l’immigrant que n’attire pas la triste vue des régions intérieures. Le manque de moyens de transports et de communications peu coûteuses, avec les grands centres, amène de la répugnance pour le travail sans rendement rapide, et on n’exploite pas les richesses naturelles qui abondent où qu’on les cherche. Tout cela oblige à faire une étude minutieuse de la région mendocine qui va être explorée. Nous devons tâcher que cette mauvaise impression cesse au plus tôt, et il est recommandé aux expéditionnaires qu’en faisant leurs recherches, ils aient toujours présent à l’esprit ces idées qui guident le Musée en entreprenant l’étude des territoires andins. Cette étude, avec ce grand programme, sera de grand profit, et l’initiative de cet établissement sera bien jugée par tous ceux qui s’intéressent au progrès du pays. Il faudra prendre aussi la plus grande quantité possible de photographies et de croquis pour faciliter l’examen des données à rassembler et leur transformation en un livre. »

Ici s’arrêtent les instructions données.