Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 112 —

rellement débarrassé d’une tutelle qui ne doit vous avoir guère donné, jusqu’ici, que des déboires, des mécomptes et des tracas.

En attendant l’honneur que vous me ferez en répondant à cette lettre, je vous prie de me rappeler au souvenir de tous les gens dévoués qui servent les intérêts de ma maison, et d’agréer vous-même, en retour de votre dévouement à sa prospérité, l’expression de ma sincère et très vive reconnaissance.

Fernand Darcier. »

Le jeune homme relut rapidement sa lettre et n’y trouva pas un mot à changer. Après avoir cacheté l’enveloppe qui devait la porter à son tuteur le lendemain, il souffla sa lumière et se mit au lit, attendant que le sommeil vînt le reposer des émotions de la journée.

Un peu plus tôt, la fête du soir avait commencé dans le grand salon du Casino. Très peu, parmi les couples venus de Luxembourg, étaient retournés par le tramway de huit heures, la plupart s’étant décidés à prendre part à la sauterie du Kursaal et à ne repartir qu’au train spécial de la nuit. Toutes les salles du Casino étaient pleines de gens à l’air gai, que le vin pétillant de la Moselle, si rafraîchissant par ces lourdes soirées, avait mis en belle humeur.

Le grand salon resplendissait sous la lumière des lustres, qui se jouait, en les caressant d’ardents reflets, sur les soyeuses étoffes des costumes et les facettes aiguës des bijoux. Dans la chaleur, dans la fumée des cigares et des cigarettes, montaient