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des parfums discrets, qui berçaient les cervelles dans une passagère et douce griserie.

À travers les allées et venues des redingotes et des vestons, dans le coup de vent des jupes, de joyeux appels retentissaient d’un bout à l’autre des salons, se détachant sur le grincement des rires et sur les accords de l’orchestre, adoucis par le sourd murmure des conversations.

Puis au signal des violons, des couples se formaient tout à coup, et tournoyaient dans l’allure cadencée de la valse ou sautillaient sans fatigue dans l’interminable cercle des polkas.

Raymonde aimait peu la danse ; elle était venue à cette soirée pour obliger ses amies qui avaient insisté, affirmant que la sauterie ne dépasserait point les limites d’une réjouissance intime. Maintenant elle s’amusait, sollicitée par tout ce qu’il y avait là d’élégants cavaliers, fiers de conduire à leur bras une aussi brillante personne. Elle n’avait point encore manqué une seule danse, s’en donnant à cœur joie et se félicitant, à part elle, de la discrétion des jeunes gens qui la guidaient, plus occupés de bien valser que de beaucoup parler.

— Mademoiselle me fera-t-elle l’honneur d’accepter mon bras pour la prochaine scottisch ?

— Volontiers, monsieur.

Et elle s’en allait encore une fois, au bras d’un autre inconnu, qui se souciait peu d’ailleurs de se faire connaître et bornait toute sa conversation à cette réflexion banale :

— Il fait bien chaud ce soir, mademoiselle…

Oh ! oui, il faisait chaud ce soir, et petit à petit, malgré les hautes fenêtres au large ouvertes, le salon se transformait en étuve. Il vint un mo-