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Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/143

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Réconforté par la vraisemblance de ces suppositions, Darcier s’en alla faire visite au docteur.

Mais M. Petit étant occupé en ce moment, il s’éloigna pour faire un tour de parc ; la nature semblait l’inviter d’un doux sourire. Les roses, les jasmins, les clématites et les chèvre-feuilles, grimpant aux montants de fer de la vérandah pour s’accrocher plus haut à la toiture vitrée, étalaient, leur bouquet aux mille couleurs chatoyantes et inondaient l’air d’un doux parfum.

Les allées fraîchement sablées, les pelouses toutes remplies de hautes herbes parmi lesquelles croisaient les trèfles incarnats, les cloches violettes, les boutons d’or et les pâquerettes, tout chantait l’été et les lourds baisers du soleil.

Pour échapper aux éclatantes lumières qui tombaient du ciel bleu, Darcier prit le sentier qui, dans le fond du parc, conduit jusqu’à la berge du ruisselet. Il y faisait un calme plein de douceur : on entendait le vol des demoiselles, le bourdonnement des grosses mouches au corselet mordoré, on y percevait jusqu’aux battements d’ailes des papillons. Un peu plus loin une cascatelle, faite d’un gros caillou échoué dans le lit du ruisseau, soulevait une crête d’écume sous laquelle l’eau se jouait avec un murmure régulier et rythmé.

Çà et là quelques promeneuses allaient, le visage caché dans la convexité de leurs ombrelles blanches… Mais ce n’est point elles que Fernand regardait. Tout pénétré de la beauté idyllique de cette belle journée d’été, il s’était assis sur le gazon brûlant et regardait dans le vide, le cou tendu, les yeux fixes.

— Guérir, guérir, c’était à la guérison qu’il fallait tendre !…