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Sa pensée ne développait que ce thème unique. Elle le rejeta tout à coup sur la nécessité de faire une visite au médecin ; et aussitôt il se releva et reprit lentement l’allée dont une folle brise, sur son passage, faisait courber les branches légères comme pour le saluer…

Quand Fernand entra dans son cabinet, M. Petit s’aperçut, dès le premier regard, de l’air de satisfaction dont rayonnait le visage de son malade.

— Voilà qui est bien, lui dit-il. Je ne redoute rien pour vous, mon ami, autant que la tristesse et les sombres pensées qui vous assaillent parfois : même je ne crains pas d’affirmer que si vous aviez la faculté de vous égayer, vous atteindriez beaucoup plus vite la guérison. La santé du corps dépend beaucoup plus qu’on ne croit de la santé de l’esprit : l’enjouement et la gaîté sont de puissants stimulants et chassent la maladie.

— Mais, docteur, je vous jure que je veux dès aujourd’hui combattre ma mélancolie habituelle. Je rirai, je chanterai, je rechercherai le plus possible la conversation des gens gais de la colonie.

— Il n’en manque pas et jamais je n’en ai vu à Mondorf autant que cette année, mais les connaissez-vous ?

— Non ; à part M. Dubreuil et ses filles…

— Oui, mais précisément c’est leur société qu’il faudrait fuir si vous voulez ne plus retomber dans vos rêves.

— Docteur !…

— Eh ! oui, cher ami, j’aime bien mieux vous dire franchement la vérité. Ce serait vous faire illusion que de vous croire un tempérament triste. Vous êtes, naturellement, d’humeur joviale, c’est la mala-