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Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/184

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— Monsieur le député, comment pouvez-vous dire ! Je suis un joueur fort ordinaire, et n’était la déveine qui s’acharne contre votre jeu…

— C’est bien, c’est bien. Vous êtes beaucoup trop modeste. Je ne connais que M. Grévy pour faire comme vous les effets de retour : vous avez le jeu présidentiel, vous dis-je !…

Et sur cette plaisanterie, ils étaient descendus, se préparant à l’arrivée des gymnastes que le tramway allait amener.

La cloche assourdissante de la locomotive sonnait à toute volée comme ils sortaient de l’établissement.

Ce fut un moment de déception d’abord quand on s’aperçut que les jeunes gens n’étaient pas arrivés par le train. Ils avaient manqué le départ, peut-être… On ne voyait que les képis galonnés de la fanfare, et puis la foule, énorme déjà, car les huit compartiments du tramway étaient arrivés absolument bondés. C’était un long brouhaha, percé çà et là de joyeux appels, des groupes se hâtant de prendre le chemin de l’établissement pour avoir une bonne place, d’autres, plus pressés de se rafraîchir que de voir la fête, envahissant les cabarets.

— Alors, ils ne sont pas venus ? dit une voix à côté de M. Dubreuil.

— Pas encore, répondit-on. Il n’y avait plus de place. Et comme ils désiraient voyager en corps pour arriver ensemble, on les a priés d’attendre un quart d’heure et l’on a organisé un train supplémentaire…

Quelques minutes plus tard, les gymnastes descendaient en bon ordre de leurs compartiments et se massaient en deux pelotons sur le quai. Leur tenue et leur coquet uniforme d’exercice prévenaient dès