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l’abord en leur faveur : pantalons blancs, chemises de flanelle blanche à col marin, rabattu sur une cravate à large flots de soie bleue, casquette légère galonnée d’or, avaient on ne sait quel air réjouissant dont on était frappé.

Ils se mirent en marche au commandement de l’instructeur. Et la foule les suivit, M. Dubreuil et le major ayant maintenant rejoint M. Pauley, qui venait d’arriver par le train supplémentaire et qui avait promis d’assister aux exercices.

Au bout de la piste, que venaient d’envahir les gymnastes, la fanfare jouait un pas redoublé que le murmure de la foule, massée en un grand cercle noir, accompagnait de sa basse puissante. Toutes les chaises réservées aux baigneurs étaient occupées, les dames se félicitant de la discrétion du soleil, qui se cachait derrière un nuage gris pour ne pas leur frapper la nuque de ses rayons assassins, les hommes s’en félicitant bien plus encore à la pensée que les ombrelles, ne s’ouvrant pas, n’étendraient pas un voile soyeux et fleuri mais importun, entre leurs yeux et la piste occupée.

Au milieu du premier rang des chaises, M. Pauley était assis entre M. Dubreuil et le major, répondant avec sa parfaite bonne grâce aux saluts et aux compliments des baigneurs. La fanfare éclatait maintenant vibrante, scandant le rythme énergique du Chœur des soldats de Faust, du tonnerre de ses trombones. Dans l’enceinte, les deux pelotons de gymnastes marchaient, le pas relevé, massés d’abord, puis se séparant en files, chaque file ensuite s’égrenant dans le dessin régulier et symétrique d’une marche de fantaisie. Le cuivre des trompettes reprenant la phrase caractéristique du chœur, les files se