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de la foule et recevoir, des mains de M. Pauley, une jolie statuette de bronze, objet d’art offert par M. Dubreuil : un enseigne de zouaves, la capote déchirée et trouée de balles, dont la main se crispait à la hampe du drapeau de la France. Il y avait un second prix : une terre-cuite fort délicatement modelée. Et encore un troisième : un mignon portefeuille en cuir de Russie.

La fanfare entonna l’air national luxembourgeois, que dans la foule les hommes chantaient en sourdine, gagnés par l’émotion dont sont pleines les phrases superbes de cet hymne patriotique. Conduits par leur instructeur, les lauréats s’avancèrent au pas à travers la piste et vinrent se placer devant M. Pauley, à qui le régisseur venait de faire passer les prix.

À l’instant précis où la couronne de laurier se posait sur le front d’un des vainqueurs, le directeur de la fanfare, levant son bâton, donnait le signal d’un ban trois fois répété auquel les applaudissements de la foule répondaient avec un enthousiaste ensemble. Puis M. Pauley, remettant entre les mains du lauréat le prix si vaillamment décroché, lui faisait compliment de sa force et de son agilité, l’encourageant à maintenir haut toujours la réputation de la Société. Derrière, dans le groupe des baigneurs, des dames, debout sur leurs chaises et le lorgnon dans l’œil, regardaient, ne perdant pas un détail. Une bouffée de joie honnête était montée à tous les visages, dans l’enthousiasme des applaudissements, et l’on se prenait à féliciter sincèrement les vainqueurs du tournoi, s’étonnant tout à coup de s’intéresser autant à leur triomphe.

Même, les vieilles dames qui tout à l’heure, au dîner, avaient médit de la gymnastique, le