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question qui concernait Marcelle, Raymonde dit tout haut :

— Non, père, nous ne nous sommes pas ennuyées du tout, demande plutôt à petite sœur. Après ton départ, nous avons été entendre la maîtrise de la Madeleine au mariage de la comtesse de Vlissac. Puis, après déjeûner, nous sommes allées au Bois par Neuilly et Suresnes. Ah ! la bonne promenade ! quelle délicieuse journée de printemps, et comme nous t’avons plaint d’avoir dû la passer tout entière dans ce vilain Paris où l’on ne respire pas !…

— N’en dis pas trop de mal, grande sœur, dit Marcelle joyeusement : ce serait une peine bien inutile puisque nous allons bientôt le quitter, pour aller… Pour aller où, petit père ? ajouta-t-elle après un moment d’hésitation.

— Pour aller où il plaira au docteur de nous envoyer, ma chère petite, répondit M. Dubreuil. J’espérais le voir hier ; mais il a été empêché de venir. Tout à l’heure, je l’ai croisé sur le boulevard et il m’a promis d’être des nôtres ce soir. Nous allons donc savoir la résidence qu’il nous a choisie pour cet été.

On passa dans la salle à manger, où le dîner était servi, et l’on se mit à table.

M. Dubreuil touchait maintenant à la cinquantaine. Il était le type accompli de ce que l’on est convenu d’appeler un beau vieillard : de haute taille, la poitrine large et ouverte, la moustache fière, accentuée par la cédille de son impériale, les cheveux tout blancs et ras coupés, sa physionomie respirait tout ensemble la plus virile énergie et la plus compatissante bonté.

Il était assis au haut bout de la table, ayant à