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Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/40

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Comme Raymonde, en portant le verre à ses lèvres, regardait de son côté, elle pensa : « Pauvre jeune homme ! » Marcelle aussi se disait : « Pauvre Monsieur ! » Et M. Dubreuil, reprenant le verre que sa fille lui tendait, dit à demi-voix, craignant d’être entendu : « Pauvre garçon ! »

Mais il ne fallait pas se laisser envahir par ces idées lugubres ; cela ne valait rien, surtout à Marcelle, trop disposée déjà à la mélancolie. M. Dubreuil épuisa donc lestement la dernière flûte et s’empressa de reprendre ses explications. Il parlait maintenant des opérations préparatoires à la fabrication du champagne : il avait eu jadis, à Reims, l’occasion de les voir pratiquer dans d’immenses caves qu’on lui faisait visiter.

— Je ne sais plus comment cela s’appelle, disait-il, mais c’est fort curieux. On range les bouteilles provisoirement bouchées sur des pupitres percés de trous, où elles se trouvent prises par le goulot, renversées. Le sommelier passe, les prend deux à deux et les secoue légèrement dans un rapide mouvement de rotation…

Ces explications paraissaient intéresser le jeune homme. Se remettant d’aplomb, le coude appuyé au bras du siège où il était assis, il se tourna vers M. Dubreuil et le pria d’excuser son interruption. Mais il connaissait dans les détails, disait-il, ces opérations curieuses de la champanisation, et si on voulait bien le lui permettre, il expliquerait à ces demoiselles…

D’une voix lente et difficile, il commença une fort intéressante description des caves de Champagne, des appareils divers employés dans la fabrication, des opérations diverses qu’elle nécessite. Raymonde