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tout, au milieu des champs, s’élevaient de jeunes arbres fruitiers, dont les bourgeons crevés en pousses tendres étaient pleins de promesses.

— Arrivons-nous bientôt, petit père, demanda tout à coup Marcelle en entr’ouvrant la portière.

— Oui, ma chérie, répondit M. Dubreuil, nous touchons au but. Et tiens ! voici que la cloche d’avertissement de la locomotive annonce l’entrée dans un village. C’est le dernier, suis doute…

Le garde, qui arrivait en ce moment, annonça la station d’Altwies.

— Un nom original, dit Marcelle ; j’imagine un village charmant.

Et quand le train stoppa :

— Vois-tu bien, dit-elle, que je ne m’étais pas trompée. Oh ! les coquettes maisons que voilà, assises dans la verdure de leurs jardins. Et ces roses, là-bas… Oh ! les jolies roses grimpantes. Puis encore ces hauts rosiers à boutons rouges…

Marcelle avait deviné juste et tout le monde se rendit à son observation, que ne démentit pas la traversée entière du village. Coquet depuis la première maison jusqu’à la dernière, semé partout de ces roses dont les habitants semblent avoir la passion, Altwies se mirait dans le ruisselet qui le longe en formant la frontière.

La frontière !… C’était donc autrefois la France, ce pays où l’on aurait pu passer d’une seule enjambée. Oui, hélas !… et maintenant…

M. Dubreuil se sentit un moment froid au cœur en regardant par delà le ruisselet. Mais déjà la cloche du tramway recommençait son assourdissant appel et le garde annonçait : Mondorf ! Mondorf !…

— C’est ici, petit père, nous y sommes.