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monde agenouillée priait, demandant la guérison de l’orpheline. Et quand elle eut fini sa prière, toute rassérénée, elle suivit son père qui s’en allait, emportant lui aussi, dans son cœur, l’image ineffaçable du spectacle imposant auquel il venait d’assister.

Deux heures plus tard, M. Dubreuil et ses filles s’installaient dans une voiture du tramway de Mondorf. Il faisait un chaud soleil, tempéré cependant par une brise légère, invitant à la gaieté. La gaieté ne manqua point. Vraiment le voyage avait été déjà fort salutaire à Marcelle. La mélancolie l’avait abandonnée tout à fait. Elle riait de tout, de ce chemin de fer joujou qui longeait les routes dans la crainte des ornières, du langage étrange parlé autour d’elle par tous ces gens du pays, de la bonne humeur des paysannes assises aux portes des villages que l’on traversait. Tout était pour elle l’occasion d’un éclat de joie malicieuse.

Quand on eut dépassé Hespérange, dont on avait eu le temps de remarquer le joli pâté de ruines, M. Dubreuil se tint sur la plate-forme pour faire connaissance avec la physionomie de la campagne. Le tramway dévorait maintenant un long ruban de route blanche, des deux côtés duquel s’étendaient à perte de vue jusqu’aux bois lointains, des prairies, des labours et des chaumes.

La végétation en retard secouait vivement le dernier souvenir de l’hiver et se préparait pour la phase toute prochaine de la floraison. Les prés s’émaillaient de tonalités blanches et jaunes qui déjà tranchaient sur le fond vert des graminées, les semailles hautes d’un pied s’exerçaient à secouer leurs tiges folles dans le frémissement de la brise. Par-