Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 51 —

sur l’établissement des bains, un inconnu pour voisin. Cette circonstance produisait une communauté de passage qui pourrait, à la longue, devenir déplaisante.

Mais il n’était pas possible d’y apporter remède : l’appartement contigu était occupé, depuis la veille, par une personne malade qu’on ne pouvait à ce point déranger…

— Alors, tant pis, dit M. Dubreuil pour conclure. Nous n’aurons d’autre ressource que de lier connaissance avec notre voisin, et de nous en faire un ami. Qu’en penses-tu, Raymonde ?

— Que c’est le parti le plus sage, père… puisqu’il n’y en a point d’autre.

On descendit aussitôt à la salle à manger. Le voyage sur la plate-forme du tramway, dans la fraîche haleine du vent, avait donné à tout le monde un appétit qu’il était nécessaire de satisfaire avant toute autre chose.

— Et qu’allez-vous nous donner à déjeûner ? demanda M. Dubreuil à la maîtresse d’hôtel, qui attendait un ordre.

— À déjeûner ?… Mais, monsieur, l’heure est passée et déjà tout le monde à l’hôtel a dîné.

Avant que Marcelle, prise d’une folle envie de rire, eût pu placer un mot, M. Dubreuil avait eu le temps de comprendre et d’intervenir.

— Bien, bien, dit-il. En changeant de pays, nous devons apprendre à changer d’usages. Veuillez nous servir à dîner, madame…

Le repas d’abord fut silencieux. Mais au dessert, M. Dubreuil annonça qu’on allait aussitôt s’informer du docteur et lui faire visite.

— Je crois notre empressement indispensable,