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Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/60

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qui lui venait de partir pour Mondorf et d’y passer la saison. Son tuteur, à qui ne souriait pas la perspective de devoir tenir compagnie à un malade tout l’été, l’encouragea vivement dans son dessein.

— Vous n’avez jamais été, dit-il, que là où vous envoyaient les médecins : malgré leurs promesses, on ne vous y a point guéri. Cette fois, le hasard seul vous aura dicté votre résolution : on ne sait point… le hasard est quelquefois bien puissant….

— Il adviendra ce qu’il plaira à Dieu, avait répondu Fernand.

Et, aussitôt, le départ avait été décidé pour la semaine suivante. Dans le train, Fernand avait dès l’abord remarqué l’air de commisération sympathique que sa faiblesse inspirait à la fille aînée de son compagnon de voyage. Et pour tout dire, il en avait été vivement touché. Dans ce siècle égoïste et grincheux, un malade en voyage inspire à ses voisins peu de compassion, d’ordinaire : on le plaint à peine, ayant trop à faire déjà de se plaindre de l’ennui causé par son voisinage.

Puis, de l’invitation faite le lendemain à Nancy par M. Dubreuil, Fernand avait encore gardé une vive reconnaissance. En lui offrant une place dans son compartiment, cet étranger lui avait prouvé qu’il y a encore ici-bas des gens de cœur. Et le pauvre garçon était si déshabitué de le penser ; on l’avait tant traité en paria, en maudit ! Il avait si souvent eu l’occasion de constater qu’il inspirait de l’aversion, et qu’on le considérait comme un être gênant, encombrant, dont la misère offusque !…

Aussi la discrétion qu’il s’était imposée vis-à-vis de M, Dubreuil lui avait-elle été excessivement pé-