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nible. Il eût beaucoup donné pour oser se permettre quelques questions, savoir qui étaient ses compagnons de voyage et leur témoigner sa reconnaissance. Mais la chose n’avait pas été possible : on l’eût pris pour un indiscret, peut-être pour un mal élevé. L’idée même lui vint d’envoyer son domestique aux renseignements : mais elle lui parut impraticable. Comment en effet s’informer de gens qu’il eût fallut montrer au doigt pour les faire reconnaître dans la foule indifférente des voyageurs du chemin de fer ?… Quand, en gare de Luxembourg, Fernand eut salué ses connaissances d’un jour avec le sentiment que jamais plus il ne les retrouverait, il fut envahi d’un grand malaise et la pensée de son isolement lui fut plus amère que jamais. Installé le même jour à Mondorf, il avait renvoyé son fidèle Jacques à Reims en le prévenant qu’il lui ferait connaître ses intentions quand le moment serait venu de partir, et qu’il se tînt en conséquence prêt à se mettre en route d’un jour à l’autre.

Puis, épuisé, il s’était mis au lit et avait fait prier le directeur de l’établissement des bains de le venir visiter. M. Petit s’était rendu sans retard à cette invitation. Au cours de cette première visite, l’aimable docteur s’était véritablement dépensé en paroles charmantes, en encouragements de toute sorte. C’est qu’un premier examen l’avait édifié sur le peu d’espoir qui lui était laissé de sauver le pauvre garçon, qu’il voyait atteint d’une pneumonie déjà à son extrême période. Et il trouvait cruel de lui laisser soupçonner une vérité aussi atroce, et de lui montrer la mort impitoyable faisant les derniers efforts pour achever son œuvre hideuse.

Il se fit donc aussi affable que possible, recom-