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Raymonde, tout d’abord sincèrement réjouie en l’apprenant, se trouva ensuite un peu déçue. Elle chercha de quelle manière il lui serait possible d’exercer les devoirs de la charité et de la miséricorde, ne trouva rien et, finalement, résolut de prendre patience en attendant l’occasion. Dès ce moment elle rechercha, sans qu’il y parût, la société des plus malades parmi les baigneuses, conversant avec elles, compatissant à leurs peines, leur prodiguant des paroles de consolation, les encourageant à la résignation, à la patience.

L’occasion cependant se présenta bientôt de faire mieux. Un soir, le régisseur des bains découvrit dans une allée du parc, étendu sur un banc, un homme vêtu d’habits misérables et qui paraissait dormir. L’ayant interrogé, il apprit de ce malheureux qu’il avait fait une longue route pour venir à Mondorf, où il espérait obtenir la guérison d’une maladie dont il souffrait. Dans son village on lui avait conté des merveilles sur le succès des cures de l’établissement ; on lui avait dit, en outre, que la station appartenait au gouvernement, qui consentirait à le faire traiter pour rien ; et il était venu.

— On ne vous a pas trompé, mon brave homme, dit M. Canon. Mais ce soir l’établissement est fermé, et vous ne pourrez voir le docteur que demain. Ainsi, allez chercher un logement et reposez-vous jusque-là.

— Ce serait bien mon envie, monsieur, répondit le pauvre diable. Mais je n’ai point d’argent et j’ai cru que le gouvernement…

— Parbleu ! se dit le régisseur en se grattant le sommet de la tête du bout de l’ongle, voici un particulier qu’on ne pourra accuser d’avoir manqué