Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/149

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tion des quantités de tous les autres produits, par suite de l’existence de produits complémentaires (completing commodities) et de produits substituables — succédanés — (competing commodilies).

Ainsi que nous l’avons mentionné, le professeur Edgeworth, puis MM. Auspitz et Lieben s’étaient déjà arrêtés à cette conception, mais il faut remarquer que, d’une part, M. Irving Fisher n’eut connaissance des Mathematical Psychics qu’après l’achèvement de la seconde partie de son travail[1], et que, d’autre part, il a donné à la théorie de la mutuelle dépendance des consommations un développement et une importance qu’elle n’avait pas dans l’œuvre du professeur d’Oxford, ainsi qu’il résulte du compte rendu des Mathematical investigations publié par ce dernier lui-même dans l’Economic Journal[2]. Il est d’ailleurs digne d’être noté que M. Irving Fisher a reconnu[3], à la suite du professeur Marshall[4], que l’approximation obtenue grâce à l’hypothèse simplificatrice admise par ses prédécesseurs est en général suffisante, et qu’il n’a étudié le phénomène complexe qu’en tant que seconde approximation, de telle sorte qu’on ne serait pas fondé à lui reprocher d’avoir voulu aborder un problème trop compliqué dans l’état actuel de la science.

Dans cette seconde partie de son ouvrage, le professeur de Yale a été amené à faire une observation de la plus haute importance au point de vue des principes de l’économie pure. D’après ce que nous venons de voir, il avait fait reposer toutes ses recherches relatives à la théorie de la valeur et des prix sur trois définitions que nous avons rappelées. Or, il est évident que la défini-

  1. Voir Mathematical Investigations, préf., p. 4.
  2. Numéro de mars 1893.
  3. Mathematical Investigations, part. II, chap. i, § 5.
  4. Principes... [p. 100], t. II, App. A, n. XII bis, p. 589.