Aller au contenu

Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ainsi dire sans réflexion, les phénomènes que nous observons constamment) traduits en des symboles appropriés à la représentation des notions et des relations qui en font l’objet, qui constitue la logique mathématique.

Cela étant, il devient évident que les mathématiques sont avant tout « la science de la clarté »[1] et que c’est grâce à cette précision et à cette netteté, qui leur méritent si bien la qualification de science exacte — parfois faussement interprétée (Cf. infra, I, 11, 2) — que les mathématiques doivent être susceptibles de rendre des services dans les recherches économiques. Et, en effet, le professeur Cossa a pu résumer assez fidèlement en ces termes les avantages qu’offre leur emploi : « Il substitue des formules brèves et élégantes aux exemples arithmétiques prolixes et ennuyeux dont se servent d’habitude les économistes. Il présente une série de raisonnements dont on découvre, à vue d’œil, l’enchaînement et les erreurs qui ont pu s’y glisser ; il oblige à formuler avec beaucoup de précaution et de précision les prémisses du raisonnement, à apprécier dans leur signification véritable l’élément de la continuité et celui de la réciprocité d’influence des différents phénomènes, et il permet d’éviter l’erreur dans laquelle tombent les économistes non mathématiciens, qui considèrent souvent comme constantes des données variables »[2]. Il est du reste bien facile de montrer la clarté que l’emploi des mathématiques est de nature à introduire dans l’étude des questions économiques, car il n’est guère de raisonnement, si obscure soit-il, qui ne puisse, pourvu qu’il soit juste, être présenté d’une

  1. F. Bernard, De la méthode en économie politique, dans le Journal des Économistes, numéro d’avril 1885, p. 20.
  2. Histoire des doctrines… [p. 5], part. I, ch. vi, § 4.