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Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/270

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Sans rechercher si ce doit être là le résultat d’une éducation systématique ou simplement celui du libre jeu de l’activité de chacun[1], nous nous bornerons donc, comme conclusion, à souhaiter que dans l’avenir nombreux soient en France ceux qui joindront à leurs connaissances économiques certaines connaissances mathématiques, puisque ce n’est qu’à cette condition, d’après ce que nous venons de voir, que justice pourra être rendue à l’économie mathématique et que le succès de cette science sera susceptible de s’affirmer. Mais pour qu’il soit possible qu’un tel souhait se réalise, et qu’ainsi l’ignorance des mathématiques, à laquelle s’est trop souvent heurtée l’économie pure, n’apparaisse plus que comme un accident dû à la nouveauté de cette science auquel le temps saura remédier, il faudrait tout d’abord voir disparaître la prévention contre l’emploi des mathématiques en économie politique, dont tous les pionniers de cet emploi ont fait l’amère constatation, en France plus qu’ailleurs[2]. Or, la disparition de cette prévention ne pourra évidemment devenir un fait accompli que lorsque ceux qui s’intéressent à l’éco-

    aussi son importance, que mettent en évidence les deux faits suivants : en 1874, lorsque l’on résolut de porter aux programmes de nos Facultés l’économie politique, qui jusqu’alors faisait du reste partie de l’enseignement scientifique, ce ne fut pas sans discussions qu’elle fût attribuée aux Facultés de droit, et tout récemment, en 1907, les fondateurs de la Società italiana per il progressa delle scienze n’hésitèrent pas à rappeler à eux cette science, pour la faire figurer aux côtés des mathématiques, de la mécanique, de l’histoire naturelle, de l’anatomie et de la physiologie.

  1. Voir dans ce sens : F.-Y. Edgeworth, An introductory lecture on pol. econ. delivered before the University of Oxford, oct. 23nd 1891, dans l’Economic journal, vol. I, no  4, p. 629.
  2. Voir notamment A.-A. Cournot, Principes… [p. 78]. préf. ; J. Dupuit, De la mesure…[p. 80], p. 375 n. ; W. St. Jevons, Théorie… [p. 91], ch. i, p. 55 ; W. Launhardt, Mathematiscke Begründung… [p. 115], préf. p. i.