Aller au contenu

Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nomie politique reconnaîtront que, si après une enfance relativement choyée[1], la science d’Isnard, de Dupuit, de Gournot et de Walras abandonnée[2] dut aller rechercher à l’étranger l’accès des Universités et l’appui des périodiques, cette science n’en est pas moins parvenue aujourd’hui à une robuste adolescence sur laquelle on est en droit de fonder de belles espérances, ou que du moins ils seront convaincus que la pénétration de l’économie politique par les mathématiques n’est pas totalement dénuée d’intérêt. Aussi nous déclarerions-nous satisfait si nous avions pu, par ce travail, contribuer à faire ressortir l’importance de l’emploi des mathématiques en économie politique, apportant ainsi une modeste collaboration à la renaissance de l’économie pure, dont le courageux protecteur (malheureusement trop occupé par ailleurs) des théories de Walras, M. Gide, s’est plu maintes fois à constater les symptômes au cours de ces dernières années. Et il ne nous resterait plus alors qu’à nous excuser des libertés

  1. Il fut un temps, en effet, où l’économie mathématique fut assez laidement représentée tant dans le Journal des actuaires français, que dans le Journal des économistes.
  2. Cet abandon fut si complet qu’en quarante ans on ne trouve guère qu’un seul ouvrage d’économie mathématique publié en France : L’essai… [p. 112], de M. Aupetit, auquel il conviendrait peut-être d’ajouter cependant le grand Cours d’économie politique, professé par M. Colson à l’École des Ponts et Chaussées, dans lequel, il est vrai, il n’est fait appel aux mathématiques que d’une manière si restreinte qu’on a parfois pensé y voir, étant donnés les auditeurs auxquels il est destiné, la condamnation de l’économie mathématique, mais qui n’en constitue pas moins une manifestation de l’apparition de l’emploi des mathématiques dans l’enseignement officiel de l’économie politique en France, car si M. Colson n’est partisan que d’un usage très modéré des mathématiques, il en est toutefois un partisan convaincu (Cf. C. Colson, Organisme économique et désordre social, Paris, 1912, pp. 11 et s.).