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Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/53

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porter leurs explications des problèmes les plus complexes.

Mais le reproche de ne pas serrer d’assez près la réalité n’est pas la moindre critique adressée dans ce sens aux théories mathématico-économiques. De nombreux auteurs n’ont voulu voir dans ces théories que de pures inventions, sans rapports avec les phénomènes concrets, et quoique cette appréciation, absolument gratuite, témoigne de leur méconnaissance des travaux dont nous nous occupons, ce qui nous permettrait de n’en pas tenir compte, elle n’en est pas moins la conséquence d’une grave erreur dont nous croyons indispensable de faire justice. Si ces auteurs se sont imaginé que l’économie mathématique restait confinée dans le domaine de l’abstraction, c’est que se méprenant, dans un sens que nous avons déjà indiqué (I, II, 2) sur la véritable signification du mot mathématique, ils ont cru qu’enfermé dans une tour d’ivoire, l’économiste mathématicien s’employait à créer de toutes pièces une œuvre de logique pure, analogue à la géométrie par exemple. Nous n’en voulons d’autre preuve que l’énoncé suivant des trois caractères qui placent, selon un économiste des plus autorisés, le professeur A. Jourdan, les sciences mathématique aux « antipodes » des sciences morales : « 1o Les principes, les théorèmes, les solutions, tout est absolument vrai, sans la moindre parcelle d’erreur ; la vérité est toute d’un côté. Quand on a démontre que le carré de l’hypothénuse est égal à la somme des carrés faits sur les deux autres côtés, on ne peut pas dire : « Cela est vrai en principe, cependant… » Il n’y a pas de cependant ; 2o de ces principes vous pouvez tirer toutes les conséquences qu’ils renferment ; vous serez toujours dans le vrai et personne ne sera fondé à vous dire : mais vous allez trop loin ! En quoi puis-je aller trop loin en déduisant toutes les conséquences contenues dans ce