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Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/54

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théorème que la somme des trois angles d’un triangle est égale à deux droits ? 3o enfin les sciences exactes comportent des définitions rigoureusement exactes. Les définitions dans les sciences exactes sont ou bien des vérités dévidence, des truismes, comme disent les Anglais, ou bien sont ce que l’on pourrait appeler une reproduction photographique de l’objet à définir : quand vous me définissez la circonférence une ligne fermée dont tous les points sont également distants d’un point intérieur appelé centre, il me semble voir la main qui fait tourner le compas et trace la circonférence »[1]. Or, si les maîtres de l’économie pure ont voulu faire de l’économie politique une science mathématique, il suffit de se reporter à leurs œuvres pourvoir que c’est à la manière de la mécanique, de la physique et même de la chimie qu’ils ont entendu la traiter. Ils n’ont jamais songé à faire de l’économie politique, science expérimentale, une science purement rationnelle, mais l’observation fie nous apprenant rien, comme l’a dit le professeur Marshall, si elle n’est pas complétée par la déduction, ils ont simplement essayé d’utiliser dans leurs recherches le puissant appareil déductif que les mathématiques mettent à la disposition de ceux qui recourent à leur emploi. C’est là ce qu’a fort bien exposé M. A. Landry dans les termes suivants : « Entendons-nous. Il ne saurait être question d’assimiler notre science à la géométrie ou à l’arithmétique. Le propre de ces dernières sciences c’est de ne renfermer aucune notion que l’esprit ne puisse former par lui-même, qui ne soit, au sens cartésien de ce mot, innée. L’économie politique, comme la mécanique, comme la physique.

  1. Cours analytique d’économie politique, Paris, 1882, p. 26. — A. Jourdan a également développé ces idées dans le discours qu’il prononça à l’Académie de Marseille, le 11 mars 1888.