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Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/94

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qui a tout lu », suivant l’expression du professeur N.-G. Pierson. Ce ne fut que près d’un quart de siècle plus tard que l’importance du livre de H. Gossen fut révélée aux économistes, non pas, comme le veut la légende, grâce à la découverte fortuite, à la bibliothèque du British Museum, du dernier exemplaire qui en aurait subsisté, mais, en réalité, dans les circonstances suivantes :

Le professeur Robert Adamson avait noté, dans la Theorie und Geschichte der National-Oekonomik[1] de J. Kautz (vol. I, p. 9), une brève référence à un livre contenant, est-il dit, une théorie du plaisir et de la peine écrite par un auteur allemand appelé H. -H. Gossen. Comme il savait que son prédécesseur au collège Owens, W. St. Jevons, poursuivait, des études dans le même ordre d’idées, R. Adamson entreprit aussitôt des recherches pour se procurer le livre en question. Mais ce recherches furent vaines, et ce ne fut que quelques années plus tard, en août 1878, qu’il finit par pouvoir en acquérir un exemplaire, qu’il avait découvert par hasard dans le catalogue d’un libraire allemand, et en faire une analyse qu’il communiqua à W. St. Jevons. Celui-ci s’aperçut aussitôt, non, semble-t-il, sans un certain dépit bien compréhensible, que H. Gossen avait, déjà clairement élucidé les principaux points de la théorie, de l’échange dont il avait lui-même quatre ans plus tôt — ainsi que nous le verrons — revendiqué la priorité sur L. Walras. Il s’empressa alors de signaler cette a antériorité » à ce dernier le 15 septembre 1878, et l’année suivante, il n’hésita pas à présenter H. -H. Gossen au monde économique en lui faisant une large place dans la préface de la seconde édition de sa Theory of political economy. Ce n’est cependant pas à W St. Je-

  1. Vienne, 1858.