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de celle de la jouissance. Le troc a, en effet, pour raison d’être un accroissement d’utilité au profit des échangistes ; et c’est précisément ce que fait ressortir Gossen, qui en infère qu’il n’y a lieu de continuer à pratiquer l’échange que jusqu’au moment où l’utilité des portions à donner ou à recevoir deviennent égales, cependant qu’il assigne à la réalisation du maximum d’utilité les conditions suivantes dont Walras a pu critiquer, ajuste titre, le défaut d’adaptation à un régime individualiste[1] : « Pour qu’un maximum de valeur d’usage soit réalisé par l’échange, il faut qu’après lui chaque produit soit réparti entre tous les hommes, de telle sorte que le dernier atome échu à chacun d’eux soit de nature à lui procurer la même jouissance que le dernier atome du même produit à chacun des autres »[2].

Nous ne nous arrêterons pas à la théorie de la rente, d’ailleurs traitée d’une manière très générale, qui figure à la fin de la première partie du livre de Gossen, non plus qu’aux spéculations sociales qui en constituent la seconde partie, parce que l’examen des questions d’économie appliquée sort du cadre de notre travail. Du reste, cette seconde partie n’est que la conséquence de la première ; son unique objet est l’exposition des conditions pratiques — la nationalisation du sol, par exemple, dont Gossen, à la différence des autres «  nationalisateurs  », n’entend pas fonder le principe sur l’illégitimité de la propriété foncière[3] — considérées

  1. Éléments… [p. 106], 16e leç., § 164.
  2. Entwickelung, p. 85.
  3. Sur la manière dont Gossen a envisagé cette question, qui tient une place importante dans son œuvre, voir l’Histoire des doctrines… [p. 21] de Ch. Gide et Ch. Rist, LV, ch. ii, § 3 notamment pp. 654, 655, 657 et notes.