Aller au contenu

Page:Moreux - La foudre, les orages, la grêle.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Toutefois, en 1746, c’est-à-dire près d’un siècle et demi après les premières recherches de Guillaume Gilbert, on n’avait réussi à organiser que des expériences purement spéculatives ; attrayantes et curieuses, elles l’étaient en vérité, mais personne n’en voyait l’utilité pratique.

Le physicien Wall, au xviie siècle, démontre l’analogie de l’éclair et de l’étincelle électrique.

« Si l’on me demande, disait Watson en 1746, quelle peut être l’utilité des effets électriques, je ne puis répondre autre chose, sinon que, jusqu’à présent, nous ne sommes pas encore avancés dans nos découvertes au point de vue de les rendre utiles au genre humain. Dans quelque partie que ce soit de la Physique, on ne parvient à la perfection que par des gradations bien lentes. C’est à nous d’aller toujours en avant et de laisser le reste à cette Providence qui n’a rien créé en vain. »

Et cependant, la même année, la science électrique faisait d’énormes progrès par la découverte de la bouteille de Leyde due à un professeur de l’Université de Leyde, Muschenbrcek, d’autres disent à Cuneus, son élève. Grâce à ce nouvel appareil on obtenait des effets surprenants. Muschenbroek pensa mourir de la première secousse qu’il ressentit et conseilla à Réaumur, le jour même, de ne pas être assez audacieux pour recommencer pareille expérience. L’abbé Nollet, en France, éprouva lui-même, dit-il, un choc terrible : « Je ressentis jusque dans la poitrine et dans les entrailles une commotion qui me fit involontairement plier le corps et ouvrir la bouche, comme il arrive dans les accidents où la respiration est coupée ; le doigt index de ma main droite, qui tirait l’étincelle, reçut un choc ou une brûlure très violente, mon bras gauche fut secoué et repoussé de haut en bas, au point de me faire quitter le vase à demi-plein d’eau que je tenais. »

La décharge était suffisante pour tuer des poissons ou des petits oiseaux.

L’expérience devint vite à la mode par manière de divertissement. Des physiciens improvisés allaient de ville en ville montrer le spectacle de ce singulier phénomène. On vendait même sous le nom de bouteille d’Ingenhouse un appareil qui réunissait tout à la fois la bouteille de Leyde et la machine électrique pour la charger.

Il y avait aussi la canne électrique, véritable instrument à surprise, composé d’un tube de verre, rempli à l’intérieur d’une substance conductrice de l’électricité, et enveloppé jusqu’à son extrémité supérieure d’un tube de fer-blanc. Le tout était peint, au dehors, d’une couleur de bois, de manière à simuler une canne ordinaire.

On électrisait au moyen d’un ruban de soie recouvert d’un vernis résineux et d’un morceau de peau de lièvre cette bouteille de Leyde dissimulée et on l’offrait à un excellent ami ou aux gens du meilleur monde venus pour vous rendre visite. Au moment où l’ami saisissait la