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liques, « dont le système, dit-il, n’aura jamais aucune efficacité sur les mœurs du peuple »[1]. Il déplore la petitesse de vues qui les porte à faire consister le christianisme dans une série de statuts ecclésiastiques dont un des résultats est une multiplication indue des fêtes d’obligation. Il s’épouvante ensuite à la pensée qu’on traite « l’hostie à l’égal de Dieu lui-même », et frémit de l’adoration (sic) qu’on rend à la Vierge ? Le pauvre homme en était encore là ! Quoi d’étonnant alors s’il termine en s’écriant : « Je remercie Dieu de ce que je suis un de ceux qui “protestent” contre pareille idolâtrie ! »

Malgré son opinion sur le peu d’efficacité que pouvait avoir la prédication des missionnaires canadiens sur les mœurs de leurs ouailles, un de ses confrères en protestantisme qui n’est pourtant pas dévoré de zèle pour la cause catholique, le Dr G. Bryce, déclarait soixante ans plus tard que « si les métis avaient certainement grand besoin de l’influence de la religion et de l’éducation » quand leurs prêtres arrivèrent dans le pays, « de patients efforts les ont bien améliorés » depuis[2].



Ce fut précisément de ces deux armes que M. Provencher se servit pour élever le niveau moral et intellectuel de la population métisse. L’église et l’école ont toujours été en honneur parmi les catholiques de la Rivière-Rouge. Leurs premiers prêtres ne furent pas plus tôt rendus à destination qu’ils ouvrirent une école dans chacune des deux stations qu’ils eurent à desservir, et leurs élèves firent tant de progrès que, dès l’année suivante (1819), la plupart d’entre eux savaient lire. Au mois de janvier de la même année, c’est-à-dire quatre mois seulement après son arrivée à Pembina où il était stationné, M. Dumoulin comptait déjà une soixantaine d’enfants à son école, tandis que son supérieur resté à St-Boniface commençait à enseigner le latin à deux élèves.

En présence de ces faits indéniables comment expliquer ces remarques de l’évêque anglican de Montréal en 1844 :


C’est l’Église épiscopale d’Angleterre qui a été la première et a donné l’impulsion aux autres dans tout ce qui a été fait de tant soit peu d’importance en vue d’implanter et de répandre le christianisme sous n’importe quelle

  1. Op. cit., p. 121.
  2. Manitoba, pp. 312-13.