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teurs que fournit la science moderne, allèrent, il y a quelque vingt-deux ans, combattre d’humbles descendants des compatriotes de La Vérendrye, de pauvres métis novices au métier des armes, qui n’avaient parfois que des balles d’argile pour appuyer des réclamations que les pouvoirs du jour méprisaient depuis huit ans, et auxquelles l’opinion publique les força de faire droit après l’effusion du sang.

Mais ce terrain est glissant et pourrait nous entraîner loin. Revenons sur nos pas.

Nous rappellerons d’abord que le premier ministre du culte qui pénétrât jamais jusqu’au Lac-des-Bois fut un religieux français, le P. Charles-M. Messaiger, de la Compagnie de Jésus. Il y parvint il n’y a pas moins de cent soixante-quinze ans, en 1732. Le premier prêtre qui ait jamais foulé le sol de la présente ville de Winnipeg est le P. Coquart, de la même Société, qui y arriva en 1741, c’est-à-dire soixante-dix-neuf ans avant M. John West, le premier ministre protestant de la Rivière-Rouge. Ce même religieux se rendit même jusqu’au site de la ville du Portage-la-Prairie, en compagnie de La Vérendrye lui-même.

C’est également à un des fils du grand découvreur, le chevalier Pierre Gaultier, que nous devons la découverte des lacs Manitoba, Dauphin, Winnipegosis, Bourbon, etc., ainsi que de la rivière Saskatchewan, qu’il atteignit dans le cours de 1739.

Dix ans plus tard, les explorations et établissements des Français s’étendirent jusqu’aux montagnes Rocheuses, aux pieds desquelles dix Canadiens, envoyés par M. de Niverville, bâtirent le fort de la Jonquière, après qu’un autre poste, appelé Fort-Poskoyac, et un troisième, du nom de Fort-Bourbon, eussent été établis respectivement près de la jonction des deux branches de la Saskatchewan, en 1748, et à l’élargissement de cette rivière connue sous le nom de Lac-Bourbon, le Cedar Lake des Anglais.

Il n’entre pas dans mon plan de faire l’histoire même abrégée du rôle que l’élément français joua au Canada central. Je me contenterai de quelques faits isolés que me rappelle la visite de certains points du pays.

Après l’œuvre du grand de La Vérendrye, de ses fils et de quelques successeurs, le monde civilisé y fut représenté uniquement par des particuliers sans mission officielle, mais tous de race française, qui marchèrent sur les pas du découvreur. Marchands de fourrures et coureurs des bois apprirent aux indigènes à respecter et à aimer la France, à tel point que, plus d’un siècle après,