Page:Morice - Demain, 1888.djvu/19

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neuses sont des soleils de nos rêves, s’abandonnèrent sans calcul au caprice de leur tempérament, parce qu’ils dédaignèrent de dire leur esthétique. Et en effet, ils n’avaient pas besoin de la dire puisqu’à cette époque d’enfance heureuse les génies et les foules étaient en communion. Mais une loi fatale comporte le divorce des foules et des génies au terme des civilisations. Comme ils ne font, à proprement parler, aucun héritage spirituel et ne subissent guère du temps d’autre atteinte que la dépravation d’une complication superficielle qui toutefois et déjà ne leur permet plus de se complaire aux simplicités des premiers âges, les peuples assument pas les graves soucis des générations antécédentes, et ces intelligences restées puériles voudraient toujours des refrains de berceau. Les poètes, au contraire, légataires uniques des races, tôt avertis des temples déjà consacrés, s’en vont plus loin, toujours plus loin, cherchant la terre