Page:Morice - La Littérature de tout à l’heure, 1889.djvu/102

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veler, dans la rénovation du Christianisme. »

Je réponds : ce n’est pas le Christianisme qui se renouvelait au XVIIe siècle, ce n’est pas l’esprit du Moyen-Age qui se réveillait du charmant mais mortel rêve de la Renaissance : c’étaient les temps modernes qui commençaient. En prenant le nom de Catholicisme la doctrine évangélique tout à la fois se resserrait, se concentrait en soi, comptait ses fidèles, bornait définitivement ses dogmes — et contrôlait au flambeau de la raison humaine les emprunts qu’il fallait bien consentir à faire aux traditions antiques qu’on croyait mortes et qui venaient de prouver l’étrange énergie, vivante jusqu’au prosélytisme, qu’elles recelaient encore. On eût dit que l’esprit humain, au moment même de s’élancer sur l’océan immense des hypothèses modernes, vérifiât le trésor des vérités acquises ; ou, pour accepter une comparaison plus harmonieuse aux nouveautés qu’allait produire la période scientifique que ce XVIIe siècle inaugurait, on eût dit un aéronaute chargeant sa nacelle de choses pesantes, avant de couper le câble qui le retient au sol : elles feront son ascension plus lente, mais plus sûre, et c’est en les jetant successivement et prudemment par dessus son bord qu’il pourra s’élever toujours plus haut. — Une littérature nationale ! Ce qu’on désigne ainsi était, à plus proprement parler, une littérature provinciale, au Moyen-Âge, — d’oc et d’oïl, allemande, wallonne, anglo-