Page:Morice - La Littérature de tout à l’heure, 1889.djvu/103

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saxonne, bretonne, basque ou provençale bien plutôt que française, et quel glorieux tort si, à perdre cette littérature prétendue nationale, nous avons gagné de fonder la littérature universelle, celle qui puisera dans le trésor cosmopolite des légendes, pour en informer l’œuvre d’art écrite selon le génie des peuples divers !

Mais l’aspect seulement du XVIIe siècle est, pour accepter cette accusation après en avoir restreint la portée, anti-national. J’ai déjà dit que, les mythes qu’ils empruntaient aux littératures antiques, Corneille, Racine et Molière les christianisaient : ils les francisaient aussi. C’est une observation vieille et véritable ; ces Achille, ces Andromaque, ces Phèdre, ces Cinna, ces Pompée et ces Amphitryon sont des personnages, tout simplement, de la cour de Louis XIV. Ils s’intituleraient Bayard, Godefroy de Bouillon et Jeanne d’Arc, ils ne seraient pas plus français. Ils le seraient un peu moins, à cause des recherches historiques où leurs noms eussent entraîné les poètes, à une heure où l’histoire était encore à naître. Et puis il n’y a rien de si faux et de si fou que cette sorte d’engoùment littéraire et lui-même historique pour ce mythe d’une littérature patriotique. C’est méconnaître le plus beau caractère du siècle qu’on surnomme encore le Grand. Eh bien, notre histoire poétique, elle est dans le Cycle du Roi Arthus, dans les Chansons de Gestes, dans la Gérusalem Délivrée, dans