Page:Morin - Héroïsmes d'antan, victoires d'aujourd'hui, 1923.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Le « partageur »…
de l’Ouest et du Nord et les Français, et ne revinrent à Québec qu’en 1660. Ce voyage de deux années se ferait aujourd’hui en moins d’une semaine…

Les Français furent aussi les premiers à pénétrer les régions que baigne la baie d’Hudson. D’autre part, le P. Claude Allouez, infatigable missionnaire qui fit en deux ans près de deux mille lieues, prêchait, en langue algonquine, au-delà du lac Supérieur ; Paul Denys de Saint-Simon, par la rivière Saguenay, atteignait, lui aussi, la baie d’Hudson ; l’habile et éloquent Nicolas Perrot, pendant près de quarante ans, « maintenait les nations de l’Ouest dans les intérêts de la France » ; Joliet et ses compagnons atteignaient le Mississippi et, en récompense, il recevait la seigneurie de l’île d’Anticosti et le titre d’hydrographe du roi ; Cavelier de La Salle, un audacieux Rouennais qui avait un comptoir de traite à quelques milles de Montréal, découvrait la rivière Ohio, construisait quatre barques pontées, les premières qui déployèrent leurs voiles sur le lac Ontario et, avec ses compagnons, La Motte et le P. Hennepin, admirait en frémissant la majestueuse cataracte du Niagara ; enfin Greysolon Du Lhut, accompagné de son frère et de six autres Français, gagnait le lac Huron, le lac Supérieur, et plantait l’étendard de la France à Mille Lacs, chez les Sioux.

⚜ ⚜ ⚜

Vint alors la sanglante période des troubles iroquois, puis le régime de Frontenac, le siège de Québec, une nouvelle paix avec les indigènes, d’innombrables combats avec les troupes anglaises… l’on n’avait que bien peu de temps pour songer à de nouvelles explorations. D’Iberville, cependant, visitait Terre-Neuve et achevait la conquête de la baie d’Hudson ; Radisson et Groseilliers pénétraient encore plus au nord dans ces parages dangereux et y construisaient un fort ; enfin le chevalier de Troyes, après avoir enduré des fatigues indicibles, parvenait à la baie James.

⚜ ⚜ ⚜

Dans son ouvrage. Nouvelle Découverte d’un Très Grand Pays, Hennepin écrivait, en 1697 : « Ceux qui auront le bonheur de posséder un jour les terres de cet agréable et fertile pays (c’est-à-dire, au-delà du lac Érié) auront de l’obligation aux voyageurs qui leur en ont frayé le chemin… » À peine ces lignes étaient-elles tracées qu’un aventureux officier du Languedoc, Antoine de