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Lamothe-Cadillac, accompagné d’une centaine de réguliers et de Canadiens, d’un Récollet et d’un Jésuite, fondait un établissement et bâtissait le fort Pontchartrain dans la région du Détroit, pays admirable, abondamment boisé et traversé par de limpides rivières, où se touchent aujourd’hui le Canada et les États-Unis.

La famine, une néfaste épidémie, la guerre, rallumée dans les deux mondes par la mort de Charles II, arrêtèrent cependant, pendant quelques années, le développement du commerce et des défrichements de la Nouvelle-France. Ce voyage de Cadillac fut, pour ainsi dire, la dernière expédition française concertée dans le seul but d’explorer le pays. À compter de cette date, ce ne fut au Canada, jusqu’au traité d’Utrecht, que mouvements militaires, marches et contremarches…

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Cet aperçu trop rapide, ces hâtives descriptions, cher Lecteur, n’y voyez-vous pas, néanmoins, ce rayonnement surhumain qui illumine les pages d’un armorial ? En vérité, les premiers chapitres de l’histoire du Canada méritent la plus belle place au livre-d’or de l’héroïsme français.

Que de labeurs, que de déceptions, que de périls ! Mais aussi, quelles découvertes, quels trésors donnés au genre humain, quelles leçons de dévouement et de bravoure ! À tous, nous pouvons appliquer ces mots qu’écrivait M. Gabriel Hanotaux au sujet de Champlain : « Il eut… les grands desseins et les vastes pensées. Homme d’action, il fut un homme d’imagination.
… transporte son lourd fardeau entre deux lacs
Il rêva l’établissement, au profit de la France, d’une immense domination couvrant le continent américain, du Canada à la Louisiane et à la Floride, par la vallée du Mississippi… dans la pensée de Champlain, il s’agissait d’une Amérique française. »

Le défrichement d’un coin de forêt où s’élèveront un jour des maisons, des écoles, des églises, peut paraître sans importance à l’époque où il s’accomplit ; mais c’est véritablement un acte surhumain et l’apport prométhéen du feu aux races terrestres n’a rien de plus mystérieusement symbolique.

En faisant surgir de l’ombre d’une histoire trop peu connue ces quelques grêles silhouettes, en les montrant, dans ces pénibles et longs voyages — à pied, en canot, en caravelle, en barque — poussés, inspirés par le seul désir de conquérir de nouvelles terres à la Foi et au Roi, en décrivant ici ces voyages, et, dans les pages suivantes, les harmonieux