Page:Morissette - Au coin du feu - Nouvelles, récits et légendes, 1883.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 8 —

était aussi bien qu’il pouvait le désirer. Mais, en disant cela, deux larmes perlaient sur le bord de ses paupières. Marcotte s’en aperçut et résolut d’éclaircir le mystère.

Instinctivement, il se rendit à la chambre de sa fille. Il était tellement habitué à voir Marie-Louise et Lucien ensemble, qu’il se figurait que la première devait connaître tous les secrets du dernier.

En arrivant au près de la chambre de sa fille, il crut entendre quelqu’un qui pleurait. Il s’arrêta étonné. Allons, dit-il, Marie-Louise se sera aperçue de sa tristesse et comme elle l’aime comme son frère, elle aura été chagrinée.

Il ouvrit la porte sans parler.

En voyant son père, la jeune fille se leva précipitamment et se cacha la figure dans ses mains.

— Voyons, ma pauvre Marie-Louise, qu’as-tu donc qui te fasse pleurer ? Quelqu’un t’a-t-il fait de la peine ? Es-tu malade ? Voyons, parle !

La jeune fille resta muette.

— Je crois, reprit son père, que tu as eu une chicane avec Lucien. Il est triste depuis quelques jours, et quand je lui ai demandé s’il était malade ou s’il avait quelque chose qui le chagrinait, il m’a répondu qu’il n’avait rien, mais en même temps, des larmes coulaient lentement de ses yeux.

— Quoi ! père, Lucien a pleuré ? s’écria la jeune