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fille. Si tu savais, commença-t-elle… mais, comme si la crainte eut arrêté les paroles dans sa gorge, elle ne put continuer.

— Eh ! bien, si je savais quoi ?

— Oh ! père, il m’en coûte trop ; jamais je n’aurai le courage de te dire…

— Allons, enfant, tu n’aimes donc plus ton père, que tu crains de lui conter un petit secret. Tiens, viens, assieds-toi sur mes genoux, comme quand tu étais toute petite. Veux-tu ? dis !

La jeune fille se jeta sur les genoux de son père qui l’enlaça dans ses bras, en l’embrassant. Puis bien bas, elle lui ouvrit son cœur ; elle lui conta combien elle aimait Lucien. Depuis quel temps elle avait découvert cet amour. Elle prouva à son père que Lucien l’aimait, en lui faisant remarquer certains faits et gestes de ce dernier.

Pierre Marcotte souriait en écoutant sa fille.

— Ne dis rien, lui répondit-il, lorsqu’elle eut terminé sa confession, je vais arranger l’affaire. Mais, attention à ta langue ; je veux qu’il ne sache rien, à présent.

Lorsque Lucien vint prendre son souper il apprit de la servante que Marie-Louise devait épouser son cousin, Henri Frenette, un mois plus tard.

On juge de la surprise et du désespoir du pauvre Lucien.