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— Albertine, répondit Marie-Louise, ne souffrira plus. Va voir dans la chambre voisine ; va contempler ton enfant que tu as fait mourir. Ah ! ce n’était pas assez pour toi de me rendre malheureuse, ce n’était pas assez de nous priver du nécessaire, il fallait que tu te fisses l’assassin de ton enfant. Va, mais va donc, misérable.

Langlois, l’air hébété, ne comprenant pas ce qu’on lui disait, restait immobile. Enfin, il se dirigea vers l’appartement où se trouvait la morte, et, au lieu de larmes, on vit briller dans ses yeux un éclair de convoitise. Il revint auprès de Marie-Louise.

— Mais pour une femme qui n’a pas le sou, ce n’est pas mal, ça. Ton enfant est habillé comme la fille d’un grand seigneur. Tu n’as pas d’argent dans le moment ; j’aurais besoin d’un écu. Diable, je ne vis pas de l’air du temps, et je n’ai rien gagné ces jours-ci.

Marie-Louise ne put retenir un mouvement de colère. Elle allait maudire le misérable qui avait tué sa fille et qui n’avait pas seulement une larme de repentir à verser sur la tombe de sa victime ; mais, la pauvre femme se souvint qu’elle était chrétienne, et au lieu d’une malédiction, elle pria Dieu d’avoir pitié de son époux.

— Tu sais bien, lui répondit-elle, que je n’ai pas