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théâtre de l’incendie, et avec d’autres ivrognes comme lui, il s’était amusé à voler de la boisson dans les magasins en flammes, et à boire toute la journée.

Vers quatre heures de l’après-midi, il aperçut Breton, son ancien ami, qui venait à lui.

— Langlois, lui dit Breton, tu as réussi à m’enlever Marie-Louise, mais je me suis vengé. Tu es un ivrogne fieffé ; pendant que tu bois ici, ton épouse se meurt avec ses enfants au milieu des flammes.

À cette nouvelle, Langlois jeta un cri impossible à décrire. Son ivresse avait complètement disparue. Il comprit l’immensité du mal qu’il avait fait. Il vit son épouse et ses enfants, au milieu des flammes, l’appelant à leur aide. Tout cela lui passa dans l’esprit en bien moins de temps, que nous en prenons pour l’écrire.

Il prit en courant le chemin de sa demeure. Aucun obstacle ne pouvait l’arrêter. Il arriva devant la maison d’où il était partit le matin, au moment où cette maison s’écroulait.

Deux cris parvinrent à ses oreilles cris affreux, épouvantables, lancés par ses deux enfants, au moment où ils périssaient dans les flammes avec leur mère.

Langlois fui tellement frappé par ce malheur,