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La voir ! Est-ce que j’aurai le courage de lever la vue sur elle ?… Serai-je assez fort pour lui adresser la parole sans dévoiler le désespoir qui me ronge…

Ainsi pensait Lucien. Il passa la nuit à méditer sur ce qu’il avait à faire. Il s’endormit le matin sans avoir pu tracer sa ligne de conduite pour le mois fatal.

Une chose qui surprendra plusieurs de mes charmantes lectrices, c’est que Lucien n’avait pas un mot de blâme soit pour Marie-Louise, soit pour le cousin Henri.

Faut dire que le futur gendre de M. Pierre Marcotte était un ami intime de Lucien. Il ne se passait pas une journée sans que Henri vînt faire une visite chez son oncle.

Henri Frenette était riche, ou du moins il était ce qu’on qualifie généralement de à l’aise. Son père était un riche cultivateur du bas de Sainte-Anne. Après un brillant cours d’étude le jeune Frenette était entré à l’Université pour y étudier la médecine. Il y avait six mois qu’il avait été reçu lorsqu’il fut question de son mariage avec Marie-Louise Marcotte. Lucien trouvait ce mariage tout à fait raisonnable.