Aller au contenu

Page:Morissette - Au coin du feu - Nouvelles, récits et légendes, 1883.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 48 —

Il y avait deux ans qu’Alfred et Ida se connaissaient. La question de leur mariage avait été discutée entre eux, mais monsieur et madame Bertrand n’en savaient rien. Mes deux amoureux auraient pu continuer le même manège assez longtemps encore, n’eût été cette misérable manie de s’embrasser entre les deux portes, lorsque Alfred partait.

Je dois dire ici, qu’Alfred allait parfois, seul, chez Bertrand et Ida le reconduisait généralement jusqu’à la porte.

Or, une fois, au moment où mes deux tourtereaux allaient se souhaiter le bonsoir, à leur manière, la porte s’ouvrit et François les surprit bec à bec.

On se fera difficilement une idée de l’affreuse position dans laquelle se trouvait Alfred et Ida.

Bertrand lui-même ne savait que dire. Ce fut lui cependant qui parla le premier : Ida, dit-il, monte à ta chambre. La jeune fille ne se le fit pas répéter et se sauva lestement dans sa chambre. Quand Bertrand se retourna pour parler à Alfred, ce dernier, jugeant que le moment des explications n’était pas propice, avait décampé.

Le père d’Ida était plus surpris que fâché de ce qu’il venait de voir. Il connaissait bien la famille Brindamour ; il savait que, quoique Alfred ne fût pas riche, il occupait une bonne position. Il était