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en la laissant. Jamais je ne l’avais quittée ; elle avait toujours été près de moi, me guidant dans mes actions.

Pendant mes études, non seulement elle m’écrivait souvent, mais elle venait plusieurs fois à Québec, durant l’année. Je ne devais pas avoir longtemps le plaisir de la voir et de recevoir ses conseils.

Un jour, j’étais alors en rhétorique, on vint m’avertir de me rendre immédiatement auprès de ma mère qui se mourait. Je partis de suite et j’arrivai au chevet de son lit, au moment où elle recevait les derniers sacrements.

Ce sont ces souvenirs qui m’accablent. Je ne puis songer à ce moment douloureux, sans me sentir écrasé sous le poids du remord. Je vois encore ce sourire que ma mère me jeta en me tendant la main, lorsque je m’approchai du lit sur lequel elle agonisait.

Elle était résignée, et ce fut avec calme qu’elle me donna les conseils si bons et si tendres, qu’une mère seule sait donner, mais que, malheureusement, je n’ai pas suivis.

Elle avait confiance en mon avenir ; puis, elle me mettait sous la protection de la sainte Vierge, qu’avait-elle à craindre ? Si j’eusse suivi ses conseils elle n’avait rien à craindre en effet, mais j’oubliai tout, tout jusqu’au souvenez-vous que j’avais promis de réciter tous les jours.