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veaux amis et je me livrai avec eux à tous les plaisirs de la vie.

J’oubliai bientôt le chemin de l’Église et j’en vins à ne plus réciter une seule prière, pas même celle que ma mère m’avait recommandé de dire.

L’intérêt de mon argent ne suffit plus bientôt à mes dépenses ; j’entamai le capital au bout de deux ans j’étais ruiné, complètement ruiné.

Je ne pouvais plus vivre sans travailler ; il me fallut chercher de l’ouvrage. Je n’ai pas besoin de te dire que d’amis, je n’en avais plus. Dès qu’on avait appris que j’étais ruiné au point de n’avoir pas un sou dans ma poche, on m’avait abandonné à toutes les horreurs de la misère ; voilà l’habitude du monde.

Je dois te dire qu’en me voyant dans cette position, je fis un retour sur le passé. Je vis alors l’énormité de ma faute et pour la première fois depuis plusieurs années, je pensai aux conseils que ma mère m’avait donné sur son lit de mort.

Je me jetai à genoux et je récitai la prière favorite de ma mère : le Souvenez-vous. Je demandai à la Vierge Marie, ce refuge des pêcheurs, d’avoir pitié de moi. Je priai longtemps ; que de choses n’avais-je pas à lui demander ? Lorsque je me relevai, j’avais repris courage.

Je cherchai de l’emploi, malheureusement j’étais