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Page:Morissette - Au coin du feu - Nouvelles, récits et légendes, 1883.djvu/6

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Lucien était commis chez un marchand de l’endroit depuis plus de cinq ans, au moment où nous lions connaissance avec lui. Son patron l’aimait et il avait bien raison. C’était le type du bon commis : poli, courtois, affable. Les pratiques de M. Pierre Marcotte — c’était le nom du marchand, — en raffolaient.

Et les jeunes filles, donc ?

Elles venaient de dix lieues à la ronde, faire leurs petites emplettes chez M. Marcotte.

Je n’oserais dire que quelques-unes d’entre elles ne faisaient pas un tout petit peu les yeux doux au commis.

Que voulez-vous, des jeunes gens comme Lucien, c’était chose rare à Sainte-Anne, et n’était-il pas tout naturel que les jeunes filles eussent de toutes préférences pour un jeune homme aussi parfait que lui.

Quoiqu’il en soit, Lucien ne paraissait pas disposé à entrer dans la matrimonie, puisqu’il ne répondait nullement aux avances des jolies jeunes filles.

On en parlait dans la paroisse, et personne ne pouvait expliquer l’antipathie qu’éprouvait Lucien pour les filles. Bien des mères auraient désiré l’avoir pour gendre.

Lucien était un bon parti, pas riche, faut dire, mais il avait une bonne position.