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ment pour faire croire qu’il n’avait pas peur ; il ne me vit pas.

Je pris mon couteau de ma main droite, et je le suivis jusqu’à un endroit éloigné de toute habitation.

Sachant que quand même il crierait, personne ne l’attendrait, je pressai le pas et le rejoignis bientôt.

— Eh ! bien, lui dis-je, en lui mettant la main sur l’épaule : est-ce qu’on ne connaît pas les anciens amis par ici ?

— Il fait si noir, me répondit-il, qu’il est impossible de te voir la face. Je ne me souviens pas de toi.

— Non ? alors, je vais aider ta mémoire. Te rappelles-tu d’un nommé François Béland qui travaillait avec toi, à Montréal, il y a cinq ans.

— Tiens, c’est toi ?

— Oui, c’est moi. Mais ne vas pas trop vite, nous avons un petit compte à régler ensemble. J’ai su ta conduite infâme. Ah ! tu croyais que ta trahison resterait impunie. Eh ! bien, détrompe-toi. Par ta faute j’ai passé cinq ans au pénitencier, par ta faute j’ai été fouetté. J’ai souffert tout cela avec un certain plaisir, car j’espérais avoir un jour l’occasion de me venger. Cette occasion je la trouve. Voici ta récompense.