Page:Morissette - Au coin du feu - Nouvelles, récits et légendes, 1883.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 95 —

cœur qu’il avait ; il eut la lâcheté de prétendre que sa femme et ses enfants étaient responsables de ce qui leur arrivait.

Marie-Louise, minée par la maladie, ne pouvait plus vaquer à son ouvrage ; la petite Lozia, à peine âgée de huit ans, lui suppléait le mieux qu’elle pouvait. C’était quelque chose d’étonnant de voir cette pauvre petite avoir soin de sa mère, de son petit frère et de sa petite sœur. Que de peines elle se donnait pour les empêcher de mourir de faim.

Avant de venir demeurer à St. Sauveur, Marie-Louise travaillait quelque peu et recevait assistance de plusieurs dames charitables qui la connaissaient bien. Ses parents étaient morts et n’avaient rien laissé à leur enfant, pour la bonne raison qu’ils n’avaient rien à lui laisser.

Rendue à St. Sauveur, Marie-Louise perdit tout. Incapable de travailler elle ne pouvait gagner d’argent et la honte l’empêcha d’informer les âmes charitables qui l’avaient assistée lorsqu’elle demeurait à St. Roch, de son changement de demeure.

C’était Lozia qui faisait tout.

Il y avait trois jours que Marie-Louise n’avait ni pain ni bois, à la maison. On était en décembre 1865. Il faisait un froid à tout geler.

Langlois n’était pas venu à la maison depuis huit jours, et dois-je le dire, on préférait son ab-