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PROLOGUE

donner quelque chose. Vous autres prêtres, vous allez aux mourants, pour leur extorquer leur argent, c’est votre habitude. Mais je n’ai rien ; entends-tu ? je n’ai rien.

— Allons, mon ami, répondit le curé, tranquillisez-vous ; je ne vous ai jamais fait de mal, n’est-ce pas ? Pourquoi croire que je viens ici pour le simple plaisir de vous voir souffrir.

Vous supposez qu’en venant vous trouver, j’ai l’espoir de vous soutirer de l’argent. Est-ce que je ne sais pas, mon cher ami, que vous êtes pauvre ? Et sachant que vous êtes pauvre, dans quel autre intérêt pourrais-je venir, par un temps pareil, si ce n’est dans celui de vous aider à mourir, de vous préparer à paraître devant votre Juge Suprême.

— Me réconcilier avec Dieu, s’écria le malheureux, c’est inutile. J’ai commis trop de crimes, pour espérer le pardon. Je suis damné ! je suis damné ! je suis damné !

Il eut alors une crise épouvantable.

Il était sous le coup de visions affreuses et il criait :