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LES MYSTÈRES DU CRIME

— Et que tu as envoyée dans l’autre monde.

— Malheureusement, oui.

— Continue.

— J’ai trouvé dans un coffre-fort, rue Rambuteau, chez la vieille héritière, un plan des souterrains du château mêlé à d’autres papiers.

— En connaissait-elle la valeur ?

— Je l’ignore, mais c’est probable. La duchesse de Lormières ne s’attendait pas à mourir subitement, comme cela est arrivé lorsqu’elle a accouché de ton père, mais elle a dû parler de cela à sa nièce qui l’a constamment soignée.

— Achève.

— Ce plan était marqué à un endroit par une étoile.

— Qu’est-il devenu ?

— Dame, j’ai été pris et je n’ai rien pu garer. Toutes les paperasses ont dû être remises aux héritiers de la vieille que je ne connais pas.

— Sacrais me les a indiqués.

— Tant mieux, il y a peut-être quelque chose à faire. L’important est de retrouver le plan en question, qui n’a de valeur que pour les initiés.

— Est-il sûr que des sommes importantes ont été cachées au château de Lormières.

— Les papiers soustraits par Sacrais chez le notaire de Nantes prouvent l’existence d’une fortune immense. Il reste à la trouver. Il y a d’autres indices que Sacrais t’indiquera. Il est possible que la vieille avare de la rue Rambuteau n’ait pas fait mention du secret des souterrains du château de Lormières. En ce cas, ses héritiers ne pourraient pas mettre la main sur le magot.

— C’est tout ce que tu peux me dire ? demanda Caudirol.

— Oui, embrassons-nous… et mort aux vaches !… Voilà mon dernier mot.

Les deux bandits s’embrassèrent.

La porte se rouvrit et l’on fit descendre Général au greffe de la prison, où se fait la toilette des condamnés à mort.

Le faux missionnaire se retira après avoir dit à l’aumônier de la Roquette :

— J’ai changé les sentiments de ce malheureux. Vous pouvez lui offrir à votre tour vos saintes consolations.

Tandis que Caudirol, déguisé et méconnaissable, parvenait jusqu’au condamné et l’entretenait impunément avec une audace inouie, M. Dublair et ses aides attendaient dans une petite pièce attenant au greffe.

À plusieurs reprises le bourreau fit observer que l’heure s’avançait…

Enfin, on amena Général qui s’assit dans l’avant-greffe, sur un tabouret placé au milieu de la salle.